
Forum économique Genève-Afrique 2025
Introduction :
Les mutations rapides de l'économie mondiale redéfinissent les conditions du développement de l'Afrique au 21ème siècle. Les incidences socio-économiques de la pandémie de COVID-19, la refonte des chaînes de valeur mondiales, l’insuffisance du financement du développement et la hausse des prix des denrées alimentaires et de l'énergie, exigent un renouvellement de l’action publique et de la coopération internationale. Alors que le continent commençait à peine à se remettre de la crise et à panser les plaies de la pandémie, il est à nouveau confronté à une dégradation des perspectives économiques mondiales. Ce contexte remet en cause les efforts des économies africaines pour réduire leur dépendance à l’égard de l’exportation de matières premières, accélérer la transformation productive, accroître les investissements et mobiliser davantage les ressources domestiques. Le nouveau désordre mondial bouleverse ainsi le débat sur la transformation des économies africaines et la création d’emplois pour les jeunes. La reconstruction de l’ordre économique mondial pose un défi à l’Afrique, mais lui offre aussi des opportunités inespérées, car le continent dispose de solides atouts pour assurer son avenir et négocier de nouvelles alliances avec ses partenaires, au premier rang desquels la Suisse.
Le continent, qui est déjà un fournisseur majeur de l’Union européenne sur le plan énergétique, dispose d’immenses réserves encore inexploitées et verra sa production de gaz naturel tripler d’ici à 2035. Une aubaine pour la Suisse, à la recherche d’alternatives aux hydrocarbures russes.
L’Afrique peut aussi sécuriser l’accès aux matières premières stratégiques et aux métaux rares indispensables à la transition énergétique. Grâce à son patrimoine vert et son potentiel solaire, éolien et hydroélectrique, le continent peut également aider la Suisse à développer les énergies du futur, comme l’hydrogène vert, et à compenser les émissions carbone de ses entreprises.
La montée en puissance énergétique de l’Afrique constitue également une chance pour financer son propre développement, notamment son électrification et son industrialisation. La nécessité de renforcer sa souveraineté alimentaire peut stimuler la production locale et la structuration de ses filières agro-industrielles.
Avec l’innovation dans les FinTech, la Blockchain et les solutions de paiements mobiles drainent des flux toujours plus importants d’IDE. Le continent est à l’aube d’une révolution de la même ampleur que celle qu’il a connue au début des années 2000, avec l’avènement de la téléphonie mobile, une chance pour sa jeunesse, si nombreuse et si entreprenante. Néanmoins, cette révolution doit être accompagnée par des investissements et de la formation de la part des partenaires internationaux.
Suisse-Afrique: des relations inscrites dans la durée à fort potentiel :
Le 19 février 2020, à Berne, le Conseil fédéral suisse a adopté la stratégie de coopération internationale pour les années 2021 à 2024, élaborée un an plus tôt par les services réunis du Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) et de son équivalent pour l’économie, la formation et la recherche, le DEFR. Cette stratégie s’inscrit dans la continuité de celle suivie entre 2017 et 2020. L’enveloppe attribuée pour financer cette stratégie, qui regroupe l’aide humanitaire, la coopération au développement, ainsi que la promotion de la paix et de la sécurité, est estimée à un budget de 11,25 milliards de francs suisses (environ 10,6 milliards d’euros) – soit une hausse de 1,4 % par rapport à la période précédente.
Pays sans passé colonial, la Suisse est perçue comme un État impartial, capable d’assumer un rôle de médiateur dans la résolution de conflits. Sa position neutre lui permet de promouvoir le dialogue entre les différentes parties et de contribuer ainsi à l’instauration d’une paix durable. Ramener la sécurité et la paix dans un pays contribue de manière significative à la stabilité régionale.
Tant les pays africains que la Suisse ont un intérêt à voir les entreprises suisses investir davantage afin de combler les lacunes dans certaines chaînes de création de valeurs, d’ouvrir de nouveaux marchés et de créer des emplois sur place. De nombreuses entreprises suisses le font d’ailleurs aujourd’hui déjà avec succès : tandis qu’une bonne centaine d’entreprises suisses sont présentes en Afrique du Sud, d’autres investissent dans le développement économique local au Nigeria, en Côte d’Ivoire et au Kenya.
La Suisse soutient de plus en plus les partenariats public-privé, que ce soit dans le secteur de l’eau, de la santé ou de l’agriculture par exemple. Au Kenya, elle a collaboré avec un partenaire privé pour promouvoir un modèle d’approvisionnement en eau bon marché et de qualité adapté pour les villages. Au Mozambique, la coopération avec une entreprise locale a permis de créer un système de marché concurrentiel pour le secteur agricole, grâce auquel les petits paysans peuvent investir dans de meilleures semences.
En Somalie, où près de 80% des soins médicaux est délivré de façon informelle, la Suisse travaille avec des représentants du secteur privé pour développer des modèles permettant aux prestataires de soins privés de proposer davantage de services de qualité à un prix abordable.
Dans le cadre de sa stratégie de politique extérieure 2020-2023, la Suisse élabore sa première stratégie concernant l’Afrique subsaharienne. C’est dans cette optique qu’elle a organisé un colloque international à Berne. Invités à participer, des représentants diplomatiques de plus de 30 pays africains ont souligné l’importance de la coopération au développement, menée depuis de longues années, ainsi que l’énorme potentiel que recèlent les relations avec les pays africains. En tant que pays fortement globalisé, la Suisse a tout intérêt à ce que règnent la sécurité sociopolitique et la stabilité économique hors de ses frontières également. La guerre, la famine et les catastrophes naturelles entraînent des flux migratoires vers l’Europe, tandis que la corruption et l’instabilité économique fragilisent les relations commerciales.
La Suisse ne devrait donc pas considérer l’Afrique uniquement comme un partenaire de la coopération au développement, mais reconnaître le potentiel de ce jeune continent en matière d’innovation et d’économie, et se positionner comme un partenaire scientifique et économique novateur.
Grâce au pragmatisme, à la qualité et à l’efficacité de son travail de coopération mené depuis de longues années avec les autorités, les institutions et les entreprises locales, la Suisse jouit d’une bonne réputation en Afrique. Son expertise est appréciée et permet de créer une base de confiance solide pour développer une coopération fructueuse. En Afrique, la confiance dont bénéficie la Suisse constitue son principal atout.
L’évolution économique et démographique des pays africains et la longue tradition humanitaire de la Suisse confèrent à la coopération suisse au développement et à l’Afrique la légitimité nécessaire pour maintenir ces liens étroits à l’avenir aussi, dans l’intérêt de toutes les parties. En outre, il est temps de ne plus considérer la coopération au développement comme un soutien unilatéral, mais comme une approche fondée sur un esprit de partenariat.
L’Afrique et la Genève Internationale :
Depuis la création de l’ONU, l’Afrique est l’espace géographique où les défis à son action se posent avec la plus grande acuité. C’est pourquoi, le système onusien est entièrement mobilisé, à travers ses principaux organes, ses nombreux fonds, programmes et institutions spécialisées, en faveur et aux côtés des Africains et de tous les partenaires engagés pour le continent. L’une des preuves de cette mobilisation générale, c’est évidemment l’importante place de l’Afrique dans les travaux de la Genève internationale. Bien que le siège des Nations Unies soit à New York, c’est depuis Genève que l’ONU mène la plupart de ses opérations : opérations humanitaires, questions environnementales et climatiques, lutte contre les épidémies, lutte contre les violations des droits de l’homme, négociations et accords des gouvernements pour le commerce, les questions liées aux désarmements, à la résolution des conflits, aux nouvelles technologies, à l’eau, à la gestion des risques, etc. Sur toutes ces opérations, l’Afrique est en première ligne du fait de son histoire, de la jeunesse de ses États et des défis auxquels elle est confrontée. C’est un fait remarqué et relevé par les acteurs onusiens et autres experts qui analysent le déploiement de l’action de l’ONU à travers le monde. Pas une semaine ne passe sans que la question du développement de l’Afrique ne soit abordée au sein de la Genève internationale, que ce soit dans le cadre des travaux menés à l’ONU ou dans un colloque organisé par une ONG. C’est dire combien l’Afrique est au cœur de la Genève internationale puisqu’elle est le principal objet de travail, de réflexion et d’action des divers acteurs de la Genève agissante.
Les objectifs du Forum économique Genève-Afrique :
Alors que la prolifération des crises à l’échelle mondiale s’accélère, la priorité du continent africain doit encore davantage se tourner vers la construction d’économies souveraines, résilientes et prospères. Pour y parvenir, Le Forum économique Genève-Afrique veut contribuer à la création des conditions favorables à l’émergence d’une nouvelle génération de champions continentaux, ou même leur leadership dans l’économie mondiale. Les PME, les entreprises de taille intermédiaire et les grands groupes africains sont les premiers pourvoyeurs d’emplois et les relais économiques indispensables de la puissance publique. Ils sont aussi les futurs porte-étendards de la souveraineté africaine.
L’Afrique dispose de plus en plus de dirigeants au leadership éclairé. Les États réforment, agissent et avancent. Ils ont besoin d’investisseurs qui veulent agir autant qu’eux et avancer autant qu’eux. Il y a urgence à aider les futurs champions à s’intégrer dans les chaînes de valeurs mondiales, par des mécanismes novateurs, en facilitant leur accès au savoir, aux financements et aux marchés. Approfondir notre connaissance de l’Afrique dans sa complexité et dans ses opportunités, Investir dans la résilience, l’industrialisation et l’innovation technologique en Afrique, Renforcer, en Afrique et autour de l’Afrique, la gouvernance démocratique, la synergie des actions et la coopération entre les différents acteurs.
Le Forum économique Genève-Afrique vise à rassembler les décideurs africains, avec le secteur privé, le milieu académique et la société civile, afin de débattre ensemble des orientations à prendre pour faire face aux défis présents et à venir du continent. Le Forum est l'occasion pour les membres de dialoguer à haut niveau - mais de manière informelle - avec les dirigeants, les acteurs et les décideurs de l'Afrique sur ces questions. Des membres du corps diplomatique, en présence d'investisseurs des secteurs public et privé, de représentants de banques, de sociétés d'assurances, ainsi que d'experts, d'enseignants, chefs d’entreprises, investisseurs et décideurs politiques venus d’Afrique, conférences, présentations et réunions, les participants pourront explorer les voies et les formules de collaboration avec le continent africain.
Afin de contribuer à la mise en œuvre et à l’intensification du dialogue public-privé pour façonner l’autonomie du continent africain, le Forum économique Genève-Afrique invite les participants - les décideurs des plus grandes entreprises africaines, des investisseurs internationaux, des dirigeants de multinationales, des chefs d’État, des ministres et des représentants d’institutions financières - à réfléchir à la mise en place de politiques publiques favorables à l’émergence d’une nouvelle génération d’entreprises africaines.
À travers des panels, groupes de travail thématiques, études de cas, témoignages et ateliers public-privé, les leaders présents au forum aborderont les thématiques clés pour l’avènement d’une Afrique souveraine et compétitive. Ils proposeront des idées innovantes pour permettre au continent de trouver les solutions l’aidant à transformer les crises en opportunités. Des temps forts seront également consacrés aux femmes dirigeantes, aux entreprises familiales et aux start-up.
La transformation progressive de l’événement en organisation à part entière pour maximiser son impact au service d’une Afrique souveraine est envisagée. Un club destiné à mobiliser ses membres afin de renforcer sa mission et son impact sur trois plans : l’influence du secteur privé africain sur les grands enjeux économiques internationaux, la qualité du dialogue public-privé dans certains secteurs pour favoriser des réglementations qui libèrent la croissance et l’incitation à un engagement social, sociétal et environnemental fort des entreprises.
Les thèmes de la première édition du Forum économique Genève-Afrique 2025 :
Durement frappé économiquement par la pandémie de Covid-19, le continent africain retrouve le chemin de la croissance. Après une contraction inédite en 2020, l’activité de l’Afrique subsaharienne devrait croître de 3,7 % en 2021, puis de 3,8 % en 2022, selon les prévisions du Fond monétaire international. Le fruit d’une hausse des cours des matières premières, le pétrole notamment, mais aussi de la reprise du commerce mondial. Un rebond bienvenu, mais encore inégal, l’Afrique ne disposant pas des mêmes capacités financières que les autres continents pour épauler ses entreprises, préserver ses emplois et ses populations, et accéder aux vaccins.
Le thème choisi pour cette première édition est le suivant :
Quelle stratégie pour quels défis pour une relance durable et inclusive en l’Afrique ?
Ce thème implique de multiples questionnements :
-Quelles sont les nouvelles voies pour accélérer le développement du continent et son industrialisation ?
-Comment mieux structurer et financer des écosystèmes d’innovation pour mieux tirer profit des technologies de rupture, de l’essor du numérique et de la fintech ?
-Quelle place, Genève et la Suisse, peuvent-elles avoir, aux côtés de l’Afrique, dans le cadre de ce nouveau partenariat ?
-Quelle contribution peuvent apporter les entreprises Suisses et Genevois investies en Afrique ?
Pour répondre à ces questions, le Forum économique Genève-Afrique propose aux débats les sept (07) thématiques suivantes :
Énergie et climat : les fondements d’un partenariat Suisse-Afrique.
Infrastructures, industrialisation, innovation : quelle stratégie pour l’Afrique ?
Finance : paiements mobiles, la blockchain pour les entreprises, web3.0 (metavers), la Fintech, de nouvelles technologies pour le développement de l’Afrique.
La sécurité alimentaire de l’Afrique : production locale, structuration des filières agro-industrielles.
Tourisme durable : encourager l’investissement, préserver le patrimoine africain.
La jeunesse africaine : compétences, formation, emploi, entrepreneuriat.
La coopération humanitaire et sociale : quel rôle pour la Genève internationale ?
La première édition du forum se déroulera à Genève durant l’année 2025, pendant trois jours. L’organisation de ce forum se fera annuellement, alternativement à Genève et dans une capitale africaine. Un travail d’information et de promotion sera effectué auprès des représentations permanentes des pays africains à la Genève internationale, ainsi que les acteurs économiques et institutionnels cantonaux et les organismes financiers internationaux à Genève. Une plateforme sera développée à cet effet : www.FEGA2025.com
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