La Fabrique Stratégique : Institut Suisse de Sécurité et de Défense

Introduction :

Dans un monde chaotique et fragmenté, une nation souveraine et voulant le rester ne peut en effet se borner au rétrospectif. Elle ne peut compter sur les précédents, us et coutumes, règles et protocoles, pour simplement riposter. Réagir, c’est déjà être en retard. Constamment, une nation stratège doit pouvoir prévoir, anticiper, devancer, éviter, prévenir ; cette obligation nouvelle d’agilité exige que cette nation dans ses composantes (l’État mais aussi le monde de la recherche, l’économie) soit avertie à temps de ce qui l’avantage ou à l’inverse, la menace réellement.

Depuis la naissance de la Suisse moderne en 1848, sécurité a constamment rimé avec neutralité. De nos jours, cette dernière reste encore perçue par une large majorité de Suisses comme une garantie de protection face aux tumultes du monde. Cependant, dans la pratique, cette singularité est remise en question. Dans un monde interdépendant, l’impératif de coopération, indispensable pour gérer les menaces avant tout globales et transnationales, s’accompagne d’une discrète mais profonde transformation du paysage sécuritaire d’un pays situé au cœurde l’Europe.

En Europe comme dans le monde, la situation en matière de politique de sécurité est devenue plus instable, confuse et imprévisible. La situation internationale, où règne l’incertitude, évolue à un rythme soutenu. C’est également le cas pour la politique de sécurité de la confédération suisse et pour les menaces et dangers auxquels il est confronté. Bien que ces derniers n’aient pas fondamentalement changé ces dernières années, ils se sont toutefois développés, voire renforcés. La manière de gérer la politique de sécurité internationale est devenue plus difficile et la défense des intérêts de pouvoir encore plus marquée. La dégradation de la collaboration multilatérale et des structures de sécurité internationales s’est intensifiée, tout comme le recours à des moyens de gestion des conflits dits hybrides. La digitalisation et l’interconnexion de plus en plus rapides ont de nombreux avantages, mais ont également accru la vulnérabilité de l’État, de l’économie et de la société. Les conflits armés et les crises à la périphérie de l’Europe non seulement persistent, mais se sont en partie aggravés. Les événements extrêmes liés aux conditions météorologiques se multiplient avec le changement climatique, et les dangers dus aux pandémies se sont véritablement confirmés avec la pandémie de COVID-19.

Actuellement, trois adjectifs peuvent qualifier la situation en termes de sécurité dans le monde, mais aussi en Europe : instable, confuse et imprévisible.

Les menaces hybrides se sont particulièrement accrues, notamment celles en provenance de l’espace cybernétique ou de l’espace de l’information, se traduisant par des activités d’espionnage, d’influence et de criminalité numérique. Les menaces issues du terrorisme et de la criminalité organisée subsistent. La polarisation sociale accrue peut contribuer à l’aggravation de la menace de l’extrémisme violent. Actuellement, les attaques militaires conventionnelles ne sont pas perçues par la Suisse comme une menace directe ; elles pourraient cependant le devenir si l’OTAN venait à se confronter militairement à la Russie. La Suisse, sa population et ses infrastructures peuvent également être concernées de nombreuses façons par des conflits armés à la périphérie de l’Europe. Les dangers sociétaux se sont accentués, comme l’illustre remarquablement la pandémie de COVID-19. Il faut aussi s’attendre à ce que les catastrophes naturelles deviennent plus fréquentes, du fait du changement climatique.

Ces dernières années, la situation de la Confédération Suisse en regard de la menace changement sensibles. On citera notamment les bouleversements et les conflits survenus en Afrique du Nord et au Proche-Orient, l’intensification des mouvements migratoires qui les accompagnent, l’essor de l’organisation terroriste «État islamique» et le renforcement de l’attrait pour le djihad dans les États occidentaux, l’annexion de la péninsule de Crimée par la Russie, les combats dans l’est de l’Ukraine et la dégradation rapide des relations entre la Russie et l’Occident, la multiplication des cyberattaques, le pouvoir accru de la propagande à l’ère de la surmédiatisation, des images traitées numériquement et d’Internet, la collecte massive de données par voie électronique et la catastrophe nucléaire de Fukushima. Autant d’événements marquants qui auront selon toute vraisemblance des effets durables et dont la politique de sécurité de la Suisse doit tenir compte.

Le terrorisme compte certes depuis un certain temps parmi les menaces les plus sérieuses, même pour la Suisse. La menace que fait peser le terrorisme djihadiste s’est toutefois encore aggravé ces dernières années. Cette détérioration est due, d’une part, à l’évolution de la situation dans les régions en crise, notamment en Syrie, en Irak et en Libye, où se sont développés de nouveaux terreaux fertiles et de vastes secteurs d’opération pour le terrorisme lié au djihad. De plus, un terrorisme d’une ampleur inédite est apparu avec l’émergence de l’organisation terroriste «État islamique». D’autre part, en raison de ces situations régionales et de l’impact de la propagande terroriste, le nombre de voyageurs à motivation djihadiste et de terroristes potentiels provenant de pays européens a sensiblement augmenté, au point de représenter désormais un grave problème de sécurité, notamment en Europe. Cette évolution concerne aussi la Suisse. Elle a certes l’avantage d’offrir un terreau moins fertile et moins de prise au terrorisme djihadiste en raison des conditions et du contexte sociaux qu’elle connaît et du fait de son exposition moins controversée en politique étrangère. Elle doit toutefois tenir compte de la menace grave et durable que constitue le terrorisme djihadiste.

Les possibilités d’utilisation abusive du cyberespace, et les abus effectifs, ont augmenté. Certes, aucune cyberattaque de grande ampleur pouvant provoquer des dégâts matériels étendus, voire des décès, n’a encore été commise. Jusqu’à présent, les cas les plus marquants dans ce domaine ont vraisemblablement été l’utilisation d’un logiciel malveillant à l’encontre d’installations d’enrichissement nucléaire en Iran ainsi qu’une cyberattaque contre une aciérie en Allemagne qui a causé des

dégâts considérables aux installations. Ces dernières années, on a non seulement pu constater l’étendue des possibilités techniques d’abus dans le cyberespace, mais aussi l’absence de scrupules des États recourant à de telles pratiques. Cette menace joue également un rôle plus marqué que par le passé pour la sécurité de la Suisse; la protection des systèmes d’information et de communication revêt désormais une importance accrue.

Par ailleurs, il existe des menaces et des dangers qui n’ont guère évolué ces dernières années. Les catastrophes naturelles et les situations d’urgence, la criminalité et les difficultés d’approvisionnement, en particulier, continuent de compter parmi les menaces et les dangers les plus réalistes pour la sécurité de la Suisse. Néanmoins, les défis qu’ils représentent pour la politique de sécurité restent, pour l’essentiel, inchangés.

L’augmentation des mouvements de réfugiés et de migrants peut engendrer des problèmes sociaux et politiques. La question des migrations en soi ne relève toutefois pas, en premier lieu, du domaine de compétence de la politique de sécurité, et la migration en tant que telle ne peut pas être qualifiée de menace ou de danger. Par contre, les circonstances qui entourent ce phénomène peuvent receler des enjeux pour la politique de sécurité.

Du fait que les événements sont reliés entre eux et sont imprévisibles, il est nécessaire de mener une réflexion plus poussée par induction sur la gestion des menaces et des dangers , autrement dit en partant non pas de la menace en tant que telle et de ses conséquences potentielles, mais des effets possibles d’un événement et de la manière de les maîtriser. C’est la notion fondamentale de résilience, qui consiste à améliorer la protection, la force de résistance et la capacité de régénération d’un système global – en l’occurrence, celui de la Suisse –, par exemple en créant des redondances dans les domaines tels que la communication ou l’approvisionnement énergétique. Cette approche n’est pas nouvelle, mais elle doit être davantage ancrée dans l’action et la réflexion en matière de politique de sécurité. En effet, bon nombre des menaces réelles ne peuvent pas être supprimées; il faut donc se préparer à leurs conséquences potentielles et à leur bonne gestion.

Le projet de La Fabrique Stratégique a pour mission de promouvoir la culture de défense, de participer au renforcement de la cohésion nationale et de contribuer au développement d’une réflexion stratégique sur les enjeux de défense et de sécurité.

A travers la mobilisation de ses membres, la Fabrique Stratégique entend proposer un éclairage des enjeux sécuritaires de notre temps à travers la production d’analyses pluridisciplinaires fines et pertinentes contribuant à nourrir les débats entourant les grandes questions stratégiques actuelles. Son expertise couvre l’ensemble des questions de sécurité et de défense et s’étend de l’analyse des rapports de forces internationaux aux questions scientifiques, technologiques et opérationnelles, en passant par l’économie et l’industrie de défense, l’analyse des menaces transverses (terrorisme, cyber, prolifération…) ainsi que les risques sanitaires et environnementaux .

Les objectifs de la Fabrique Stratégique :

La Fabrique stratégique œuvre à réaliser les objectifs suivants :

-Promouvoir, développer la pensée, la réflexion, l'étude, l'analyse, la recherche, le débat et la culture stratégique en Confédération Suisse autour des thématiques et des enjeux de la sécurité et de la défense.

-Initier et Participer à tous les débats stratégiques sur les problématiques qui concernent la sécurité et la défense Suisse, européenne et internationale.

-Mobiliser la recherche innovante et multidisciplinaire dans le domaine de la défense et de la sécurité de manière à développer des synergies et faire rayonner la voix des experts.

-Diffuser auprès du gouvernement en Suisse, des organismes partenaires et du grand public les fruits de l’analyse stratégique de manière à informer les décisions politiques et éclairer le débat public.

-Observer, anticiper, évaluer, analyser tous les risques et les phénomènes menaçant la paix et la sécurité Suisse, européenne internationale et participer activement à la gestion et à la résolution des conflits en proposant des solutions.

-Promouvoir un espace d’échange, de promotion et de diffusion de valeurs universelles de paix, de dialogue, de démocratie, de vivre ensemble.

Les axes et les champs de recherches de la Fabrique stratégique :

Les axes de recherches de La Fabrique stratégique sont regroupés autour des axes de recherches stratégiques suivants :

-  Les politiques de sécurité et de défense.

-  La cyber sécurité et les nouvelles menaces hybrides.

-  Désarmement et prolifération.

-  Crise, conflit et enjeux internationaux.

-  Economie et technologies de défense.

Sur le plan géographique, l’expertise de la Fabrique stratégique couvrira les pôles suivants :

-  Pole Europe.

-  Pole Asie.

-  Pole Amérique du nord.

-  Pole Afrique.

-  Pole Monde arabe et méditerranéen.

Productions Scientifiques de la Fabrique Stratégique :

Les productions scientifiques de la Fabrique stratégique sont les suivantes :

-Des articles et des notes stratégiques sur les divers thèmes et pôles de recherches.

-Des notes de veille.

-Des rapports.

-Des décryptages.

-la Fabrique stratégique organise des conférences autour de ces thèmes et pôles de recherches en accueillent des invités prestigieux, universitaires de renom, hauts fonctionnaires, responsables politiques ou associatifs, dirigeants du secteur privé ou entrepreneurs, grandes figures du débat public, pour des conférences de haut niveau portant sur de grands enjeux stratégiques qui engagent l’avenir de la Nation, de l’Europe et du monde.

-www.lafabriquestratégique.com,   une    plateforme    ou    toutes    les    productions,    les évènements et les formations de la Fabrique Stratégique seront publiées.

Financement :

Le financement de la Fabrique Stratégique est assuré par :

-Ses activités de formation, de conseil et d'expertise réalisées par les chercheurs du centre au profit des organismes politiques, médiatiques, militaires, publics et privés .

-Les prestations de veille au profit des entreprises, les institutions, les collectivités locales et centrales (veille technologique, veille stratégique, veille sécuritaire, veille défense, veille diplomatique.) .

-Les abonnements et la vente de sa revue et ses publications.

-Par le mécénat, les donations et diverses contributions de l’Etat.

Les partenaires :

Pour donner à la Fabrique Stratégique une dimension internationale et une expertise d’excellence, des conventions de partenariat et d'échange seront signées avec divers instituts, centres de recherches, fondations, universités, en initiant des programmes et travaux de recherches en commun, de Co-publication, de traduction et le co- développement de projets innovants.